Encore une longue étape, en partie grâce à un bonus offert par un chemin fermé aux randonneurs (grille et cadenas). Cela arrive. Ce n’est pas pire qu’un chemin qui n’existe pas, ou qui n’existe plus, ou que nous avons manqué par manque d’attention ! Mais les chemins sont roulants et ce contre-temps n’affectera pas notre objectif d’arriver avant six heures. Pourquoi six heures ? Et bien parce six heures est l’heure de fermeture de la pharmacie de Spiegelau (j’ai un panaris au gros orteil depuis quelques jours) et l’horaire du début de la finale du football des Jeux Olympiques. Mais une ultime épreuve nous attendait : l’enregistrement à la Pension-Café-Restaurant Morgenstrumpf. Déjà, sur Booking, ça avait été un peu bizarre car, bien qu’on puisse payer en ligne, la « dame » avait voulu être payée par virement et m’avait appelé pour me donner toutes sortes d’instructions sur l’accès à la Pension. Je n’avais pas compris grand chose et lui avait demandé de me mettre tout ça par écrit. Grosso modo, l’entrée se fait par la cour derrière la maison et il faut l’appeler quand on arrive. Effectivement, en arrivant, on voit que l’entrée principale est fermée et que, de la Pension-Café-Restaurant Morgenstrumpf des grands jours, il ne reste plus que la Pension. On rentre dans la cour et là, nous sommes accueillis par un vieux papi tout maigre. Il se présente comme le Hausmeister en l’absence de la « dame ». Il brandit notre fiche d’enregistrement qui est déjà préparée. Cool ! Oui, mais c’est Papi Tatillon. D’abord, il veut une preuve qu’on a déjà payé. Bon, qu’à cela ne tienne, je lui montre les échanges de mails avec la « Dame ». Ça semble lui convenir (encore heureux). Il se saisit de notre fiche et se met à écrire quelque chose. Comme il a du mal à écrire, son lettre à lettre prend un certain temps. Voilà, c’est bon ? Non, il y a la taxe de séjour qu’il faut régler à part, et maintenant : fünf euros. Mireille me passe le portemonnaie. On a pas cinq euros en pièces ou en billet. Je donne un billet de dix. Il n’a pas la monnaie mais on aura nos cinq euros au petit déjeuner. Et le voilà qui repart dans cinq minutes d’écriture malhabile. Voilà, c’est bon ? Non, il faut ma date de naissance, et le nom, prénom et date de naissance de Mireille. Je remplis tout ça rapidement. Voilà c’est bon ? Il inspecte ce que j’ai écrit. C’est un 9 ou un 4 ? Pfff… un 4. Je le réécris bien. Et le M de Mireille. Je repasse dessus pour bien marqué la vallée. Et Mireille, c’est bien le nom de famille ? Oui. J’allais pas lui dire non pour qu’on reprenne 10 minutes ! Voilà, c’est bon ? A quelle heure le Frühstück ? Sur le papier il est écrit “7h30 – 8h00”, ce qui semble une plage horaire mais il veut savoir si c’est 7h30 ou 8h00. Ben 8h00 alors. Et le voilà parti à entourer 8h00. Ça reprend une plombe parce qu’il l’entoure deux fois. Voilà, c’est bon là ? Il regarde encore la feuille avec attention, rajoute une étoile devant une ligne qui doit être importante et c’est bon ! Et il se saisit des clés. Enfin ! Délivrance ! Non. Il veut nous conduire à la chambre. Il se lève du fauteuil avec difficulté et nous montre sa hanche en disant « Operazion ». La chambre est au deuxième étage et à chaque marche nous éprouvons sa douleur. Enfin, nous arrivons à la chambre 4. Elle ne fait que 16 m² mais il nous en fait la visite complète, nous indiquant avec force détails les différents éléments de confort. Voilà, c’est bon là ? Ouiiiiiiiiii ! Il a refermé la porte. Enfin ! Enfin poser le sac à dos et enlever ses chaussures !
Mais rassurez-vous, malgré Papi Tatillon, on a eu le temps d’acheter une pommade antiseptique, d’assister à la médaille d’argent de l’équipe de France et de déguster une pizza !