Le ciel est gris. Il a plu une grande partie de la nuit. Nous quittons Bärnau avec l’espoir que les nuages vont se lever. Espoir vain. À peine avons-nous atteint la forêt que le ciel éclate, libérant une pluie fine et froide qui semble vouloir nous pénétrer jusqu’aux os. Les sentiers sont gorgés d’eau. Les pierres moussues et les racines des pins sont autant de pièges. Tous nos sens sont en éveil pour éviter la glissade. Nos lourds sacs à dos rendent notre équilibre précaire. La présence de la frontière tchèque, invisible mais pourtant palpable, chargée d’histoire et de fantômes, rend l’atmosphère encore plus pesante. Le silence de la forêt, seulement brisé par le bruissement continu de la pluie, accentue un sentiment d’isolement. La monotonie du pas dans la boue, l’indifférence des arbres, la mélancolie du ciel, tout cela lève en nous des questions profondes, existentielles… Léon décrochera-t-il sa quatrième médaille d’or ? Teddy entrera-t-il dans l’histoire ? Les Bleus prendront-ils leur revanche contre l’Argentine ? Y aura-t-il de l’Apfelstrudel au dessert ?
Je crois profondément que c’est pour cette confrontation avec la nature et les éléments, qui nous élève quasi spirituellement, que nous aimons tant la randonnée.
« Mireille, tu termines pas tes Röstis ? »